…Réformer l’éducation française en Amérique du Nord
Par David Lawson(*) 29 mai 2017
(Réponse à l’interpellation de Gabrielle Durana, dans France-Amérique, le 22 mai 2017)
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(*) David Lawson est candidat indépendant à l’élection législative 2017 des Français d’Amérique du Nord
Le 22 mai dernier, dans une tribune libre de France-Amérique, Gabriella Durana, agrégée d’économie-gestion, et créatrice et animatrice d’une association Français Langue Maternelle (FLAM) à San Francisco a interpelé les candidats à la députation en Amérique du Nord.
Elle demandait: “candidats à l’élection législative en Amérique du Nord (3 et 17 juin 2017), aurez vous le courage de réformer le système d’enseignement à l’étranger, une fois élu? Aurez vous le courage de dire que maintenir des “lycées français” dans des pays francophones comme le Canada n’est plus prioritaire?”
Je suis candidat indépendant à l’élection législative dans notre circonscription; cette lettre ouverte m’a interpelé et touché. Tout d’abord, je voudrais dire à Gabriella Durana et, à travers elle, à tous les parents qui mènent le même combat, toute mon admiration pour leur engagement et leur dévouement à nos enfants et à l’éducation en français dans notre communauté. Au Bangladesh, j’ai créé une université privée d’enseignement bilingue; je n’ignore pas toutes les difficultés liées à la création d’établissements d’enseignement du français ou à la mise en oeuvre de programmes en langue française. Plusieurs initiatives privées de Françaises et de Français bénévoles existent.Je veux dire à Gabriella Durana qu’en tant que candidat, et en tant que parent en Amérique du Nord, je partage pleinement ses préoccupations.
Homme de terrain et de proximité, candidat indépendant, du renouvellement politique et pour une France moderne, j’ai le courage d’affronter toutes situations difficiles avec lucidité et discernement, et dire la vérité à nos compatriotes, même si elle n’est pas toujours agréable à entendre. L’éducation et la jeunesse sont parmi mes principales priorités.
Concernant les préoccupations abordées, elles sont claires et légitimes. Je partage l’analyse de Gabriella Durana depuis longtemps: non, on ne peut pas construire des lycées français autant que nous avons d’enfants qui arrivent ou sont à l’étranger pour être scolarisés. Pour des raisons budgétaires évidentes, on ne pourra généraliser l’accès aux bourses scolaires pour toutes les familles françaises qui en ont besoin en Amérique du Nord. Néanmoins, je reste optimiste et me battrai pour obtenir une augmentation de l’envelope budgétaire réservée aux bourses pour l’Amérique du Nord. Il reste à faire sur les conditions d’attribution, le nombre et les montants alloués: je souhaite que le revenu des familles, le nombre d’enfants scolarisés et les résultats scoclaires soient pris en compte. Gabriella Durana évoque le niveau de salaire des directeurs; la répartition des frais de fonctionnement mérite sans doute d’être revue pour voir où des économies peuvent être faites. De même, est-il équitable que certains enfants soient totalement exonérés de frais de scolarité? S’il est parfaitement normal que les enfants d’enseignants bénéficient de l’inscription d’office dans les établissements où leurs parents enseignent, la réduction des frais de scolarité devrait être proportionnée aux revenus parentaux.
Concernant les lycées français dans les pays francophones, si je défends le droit des enfants français à pouvoir choisir de suivre une scolarité française, il est évident qu’on ne pourra continuer à construire des lycées français partout. A l’avenir, les investissements publics devront s’orienter vers des zones linguistiques prioritaires. Pourtant on ne peut pas exclure de construire des lycées français dans des zones francophones. En effet, certains pays en développement, notamment en Afrique, n’offre aucune alternative scolaire crédible pour les enfants français. Certains pays francophones resteront donc pioritaires pour l’enseignement du français; la politique linguistique française en la matière se définissant globalement et pas uniquement par circonscription électorale ou consulaire.
Je souscris entièrement à la nécessité de soutenir davantage les programmes FLAM. Je salue au passage l’initiative de Gabriella Durana à San Francisco et de tous ces parents qui s’investissent ainsi avec succès, nous permettant ainsi de pouvoir justifier de subventions supplémentaires. Elu, je me battrai pour un appui financier renforcé aux programmes FLAM.
Pour palier le manque de subventions publiques et l’insuffisance des bourses, je propose d’élargir les sources de financement des établissements français d’enseignement, et aux initiatives telles que les progammes FLAM, en mettant à contribution notamment les employeurs français des parents d’enfants scolarisés dans ces établissements/programmes. Je propose que les employeurs puissent donner des aides directes à la scolarité à leurs employés, ou contribuent directement, aux frais de fonctionnement des établissements ou des programmes FLAM, et puissent en contrepartie bénéficier d’exonérations fiscales proportionnées, et/ou voire sans contrepartie, au nom d’un “patriotisme éducatif.”
Je propose également que les frais de scolarité puissent être modulables vers le haut ou le bas compte tenu des budgets de fonctionnement, en fonction du niveau de revenus des parents et de la nationalité, les Français les moins aisés bénéficiant de tarifs préférenciels. Nul ne serait totalement exonéré de frais de scolarité mais leur répartition se ferait en fonction de la capacité de contribution de chacun. En effet, dans les lycées français, en moyenne, la majorité des enfants ne sont pas français; on pourrait par exemple imaginer un système dans lequel les parents non français plus fortunés paient des frais de scolarité plus élevés que les familles françaises moins fortunés.
Considérant la réduction du volume des bourses par rapport àl’accroissement des besoins, et du manque d’établissements d’enseignement en français, une telle approche différenciée me semble une solution de nature à préserver l’accès à une éducation française de tous les enfants français d’Amérique du Nord. Cela n’est pas suffisant. Mais ce sont des pistes que j’explorerai, en vue d’une plus juste répartition et utilisation des fonds publics qui sont alloués à l’enseignement du français dans notre circonscription d’Amérique du nord, notamment pour les programmes FLAM.
Il faudra continuer à soutenir les programmes de français dans les établissements publics, et la création d’établissements privés bilingues homologués, d’initiative purement privée.
Une autre question concerne la qualité de l’enseignement du français, par des enseignants qualifiés et justement rémunérés. Je soutiendrai la revalorisation du statut et de la rémunération des enseignants, qui doivent disposer de moyens pédagogiques modernes et adaptés. Là aussi des investissements sont nécessaires qui ne passent pas tous par des subventions d’Etat.
Pour moi, la politique est “la mise en oeuvre d’idées novatrices et de la volonté par l’action.” Elu député, je contribuerai au redéploiement des moyens existants, une révision des budgets de fonctionnement et prônerai tout en y contribuant, une mobilisation de fonds privés additionels (politique de dons et d’exonérations fiscales). Enfin, il convient de développer des stratégies de mobilisation de fonds, car l’environnement nord-américain est propice. Il faut en faire davantage. L’ensemble de ces mesures permettra ainsi à nos enfants de bénéficier des mêmes opportunités que les autres.